Les coordonnées idéologiques et la logique culturelle de notre époque peuvent se rapporter au constat suivant : il est plus facile d’imaginer la fin du monde que celle du capitalisme. Un sentiment répandu, diffus, selon lequel il s’agirait du seul système économique et politique viable, et qu’il serait désormais impossible d’en imaginer une alternative cohérente et plausible. C’est ce que Mark Fisher nomme le « réalisme capitaliste », qu’il se propose de décrypter et de critiquer radicalement. En croisant théorie sociale et analyse culturelle (cinéma, fiction, pop culture), l’auteur s’attache à diagnostiquer une conjoncture qui se donne de manière idéologique comme post-historique. Mark Fisher s’attaque aussi à la prolifération de discours et de représentations qui renvoient aux rapports de domination : ils produisent un étouffement omniprésent, depuis les chaînes d’assemblage à l’enseignement, en passant par différentes pathologies ou affectations socio-psychiques (la dépression notamment), et bien évidemment par les divers secteurs de l’industrie culturelle. Autrement dit : c’est un horizon historique et social clôturé sur la marchandise et ses effets d’aliénation qu’il faut ici comprendre, afin de pouvoir mieux en déconstruire l’effectivité.
Mark Fisher (1968–2017), connu également sous son pseudonyme de k-punk, fut enseignant au Département de cultures visuelles du Goldsmiths College à Londres et observateur attentif des formes culturelles. Son ouvrage Le Réalisme capitaliste contribua à le faire connaître par un grand public ; il contribua également à des revues telles que Wire, Fact, New Statesman et Sight & Sound.