« Le mythe bolchevik » commence par l’épisode du « Bufford », cargo sur lequel se retrouvent Alexander Berkman et Emma Goldman et 249 autres anarchistes d’origine russe, et des membres du Parti Socialiste américain. Alexander Berkman et Emma Goldman viennent de purger 2 ans de prison pour leur activité contre la conscription et l’entrée en guerre des U.S.A en 1917. L’hystérie nationaliste est à son comble, le FBI déclenche une campagne contre les rouges « Red Scare ». Les « déportés américains » arrivent le 20 janvier 1920 à Belo-Ostrov ; l’enthousiasme est à son comble, ils « vont pouvoir servir la révolution » : une vie nouvelle commence après de multiples échecs aux U.S.A.
La Russie Soviétique est en pleine guerre civile encerclée de partout par les blancs, les Français, les Anglais, les Américains, et les Japonais. Lénine vient de proclamer la IIIe Internationale pour briser l’encerclement en souhaitant que la révolution gagne aussi l’Europe occidentale, les bolchevicks y croient beaucoup et les « déportés » sont consultés sur ce problème, leurs réponses négatives les font passer pour pessimistes. Lénine décrète le « communisme de guerre », les bolchevicks lancent le mot d’ordre « la patrie socialiste en danger », « tout pour le front » ; le pouvoir établit le monopole du blé, le commerce privé est interdit, on rationne, on recense ...
Berkman note ce bureaucratisme qui s’installe, « cet état prolétarien » qui s’édifie. Déjà un organe coiffe tout : la « Tchéka » formée parmi les communistes les plus bornés, les plus corrompus aussi, ils portent la sinistre veste de cuir noire pendant que les ouvriers de Petrograd ont 25 grammes de pain par jour. Alexander Berkman essaie de comprendre, de concilier il veut travailler mais il est anarchiste et donc soupçonné. On lui propose la traduction d’un texte célèbre de Lénine : « Le gauchisme ou la maladie infantile du communisme ».
Fin 1920, l’état soviétique, demande à Alexander Berkman, Emma Goldman et quelques autres, de rassembler les archives de la révolution russe pour en faire un musée (!). Ils pourront grâce aux papiers officiels, le train, les vivres, voyager dans toute la Russie. Ils vont à la rencontre de la misère du peuple, la faim, la maladie, la répression des communistes, les pogroms des blancs sur les populations juives, la militarisation de la vie sociale, le syndicalisme interdit, la toute puissance policière, mais aussi la résistance du peuple qui a fait la « révolution pour la liberté ».
La résistance c’est Makhno en Ukraine luttant contre les offensives des blancs, contre les tentatives d’extermination des rouges ; mais aussi la « Nabat » fondée par les personnalités les plus importantes de l’anarchisme russe : Voline, Archinov, Olga Farabonta, Yartchouk, Aaron et Fania Baron... une opposition « contre tous les pouvoirs » contre ceux qui voulaient « tout le pouvoir ». Berkman les rejoint. Après la capitulation politique cette génération de révolutionnaires russes va bientôt être éliminée physiquement et avec eux des « menchevicks », des « socialistes-révolutionnaires de gauche » ... Berkman les voit pour la dernière fois, il est à Petrograd, en mars 1921, c’est Kronstadt...
Toute cette misère, le despotisme des communistes, la bureaucratie vont aboutir à des grèves et à la révolte de Kronstadt, « l’union des marins soviets libres ».