La Nuit venue, troisième et dernier livre d’aphorismes composé par Karl Kraus entre 1915 et 1917 – en même temps, exactement, que Les Derniers jours de l’humanité, fresque conçue pour « un théâtre de Mars » –, sous la forme la plus condensée – abstraite, pour être historiquement applicable à tous –, saisit la réalité que la pièce – sous la forme la plus développée, anecdotiquement située à Vienne – décrit : la guerre mondiale, laquelle est simplement, Kraus le martèle, la nouvelle forme de paix entre les nations maintenant bourgeoises, que régissent les seules lois de l’économie, telles que la psychologie, son expression, les signifie à un être humain devenu matériel de confection : chair à canon pour la conquête du « marché mondial » de production et de consommation, à quoi se réduit la vie profanée : oublieuse de l’esprit, sa vérité pourtant, toujours accessible à ce qui est pur en soi : la langue.