En quelques années, l’effondrement de notre société humaine est passé du statut de fantasme à celui de probabilité admise par la communauté scientifique. Comment vivre avec cette perspective d’un basculement désormais inéluctable de notre monde ?
Documentée par des travaux et des études scientifiques, la possibilité de grandes catastrophes — écologiques, sociales et économiques — s’est imposée dans l’esprit du public. Ainsi, 65 % des Français sont d’accord avec l’assertion selon laquelle « la civilisation telle que nous la connaissons actuellement va s’effondrer dans les années à venir » (Ifop, « Enquête internationale sur la collapsologie », novembre 2019). Pour autant, la classe politique et le monde économique continuent très majoritairement de s’en remettre aux dieux de la croissance, ignorant les limites physiques de notre planète et les lois naturelles qui garantissent la prospérité du vivant. La dissonance cognitive qui en résulte nous a conduit dans le mur. Il y a urgence à comprendre et à s’adapter à cet horizon.
De cette urgence est née l’initiative d’interroger des penseurs de l’effondrement : Isabelle Attard, Carolyn Baker, Nicolas Casaux, Yves Cochet, Nicolas Hulot, Derrick Jensen, Jean Jouzel, Arthur Keller, Vincent Mignerot et Pablo Servigne. Manon Commaret et Pierrot Pantel ont passé avec les uns et les autres de longues heures pour recueillir non seulement leur vision objective de cet effondrement en cours, mais également leur perception intime.