Best-seller de la littérature prolétarienne initialement publié en feuilleton dans L’Humanité en 1928, Je Brûle Paris raconte l’histoire de Pierre, mis au chômage, prenant sa revanche sur la capitale française pour les humiliations qu’il y a vécues. Après avoir volé des bactéries de la peste noire, il les utilise pour infecter le réseau hydraulique. Le 14 juillet, jour de Fête nationale, les premières victimes de l’épidémie sont emmenées dans les hôpitaux. La ville, mise en quarantaine, se divise en républiques nationalistes - les Chinois, les Juifs, les ouvriers de Belleville, les Russes blancs de Passy, la concession anglo-américaine, la république bleue des flics - qui se déclarent la guerre et se dressent les unes contre les autres.
Jasienski, jeune poète révolutionnaire d’avant-garde, qui avait quitté la Pologne peu hospitalière pour les « rouges », avait 27 ans quand il écrivit ce livre à Paris. Son Je brûle Paris constituait une riposte au Je brûle Moscou de Paul Morand : cette courte nouvelle figurait dans son Europe galante et décrivait la capitale soviétique comme infestée par des juifs passablement sales et couverts de puces. C’était une délicieuse petite infamie qui montrait la Mecque de la Révolution sous l’aspect repoussant d’un bolchevique au nez crochu.
Préface de Benoît Rayski