Professeure émérite de science politique à l’Université Paris 8, Eleni Varikas compte parmi les introductrices du concept de genre en France. En l’affinant dès les années 1990 du côté de ce qu’elle nomme "conscience de genre", elle s’est attachée à renouveler l’historiographie en insistant sur les enjeux épistémologiques des notions de conscientisation ou d’expérience vécue comme des frontières du politique.
Dans la continuité de la Théorie Critique élaborée par les philosophes de l’Ecole de Francfort, son oeuvre travaille les impensés de l’universalisme, de la citoyenneté, de la parité, de la distinction entre privé et public, de la subjectivité et de ses déconstructions - et dévoile ce faisant les apories de leurs lectures nationalistes. Eleni Varikas analyse la Modernité depuis ses marges, avec le souci constant d’éclairer les pans occultés de l’histoire des vaincu.es - femmes, sans voix, esclaves, subalternes - qui, ainsi mis au jour, rendent tangible la violence du recouvrement des antagonismes sociaux par les catégories et les normes dominantes.
Internationaliste et engagée, sa pensée participe à la cartographie des grands courants du féminisme contemporain, de la critique décoloniale et de la théorie politique. Elle a notamment publié Penser le genre (Paris, Puf, 2006), et Les rebuts du monde. Figures du paria (Paris, Stock, 2007).