Panaït Istrati, vagabond roumain, ayant appris le français en 1916 dans un sanatorium suisse, est en 1924 un écrivain de langue française traduit dans plus de vingt pays. Il entretient de 1919 à sa mort, en 1935, une amitié filiale et une correspondance nourrie avec Romain Rolland qui joue, vis-à-vis de l’oeuvre d’Istrati, un rôle d’accoucheur. En dépit de leur différence d’origine sociale, une même sympathie politique unit les deux auteurs... jusqu’à ce que des divergences devenues inconciliables les éloignent, faisant de cette correspondance l’expression d’une aventure humaine et intellectuelle hors du commun. La majeure partie de ce corpus a déjà été publiée en 1987 par l’Association des Amis de Panaït Istrati. Un des intérêts majeurs de cette édition est de restituer, par la fidélité au manuscrit autographe des lettres d’Istrati, l’application que celui-ci déploie dans son apprentissage et dans sa progressive maîtrise de la langue française avec l’aide dévouée et bienveillante de Romain Rolland. On voit, au fil des lettres, se transformer le français d’Istrati, on voit son style s’affirmer.
À ces lettres sont ajoutés des textes d’Istrati (autobiographiques ou littéraires ou entretiens, lettres ou extraits de lettres à des tiers), des textes de Rolland (principalement extraits de son Journal inédit, lettres ou extraits de lettres à des tiers), tous en lien direct avec le contenu de la correspondance, certains inédits, d’autres extraits de publications diverses, contemporaines ou postérieures à l’époque des relations entre les deux écrivains.
Édition présentée, établie et annotée par Daniel Lérault, bibliothécaire à la BnF, spécialiste de Panaït Istrati, et Jean Rière, professeur de lettres, passionné de correspondances et de journaux d’écrivains.