« En août 1988, à la suite d’un concours de circonstances, je me suis inscrit dans un club de boxe d’un quartier du ghetto noir de Chicago. Je n’avais jamais pratiqué ce sport, ni même envisagé de le faire. Hormis les images stéréotypées que chacun peut s’en former à travers les médias, le cinéma ou la littérature, je n’avais eu aucun contact avec le monde pugilistique. Je me trouvais donc dans la situation du parfait novice.
Trois ans durant, j’ai participé aux entraînements aux côtés des boxeurs du cru, amateurs et professionnels, à raison de trois à six séances par semaine. À ma propre surprise, je me suis pris au jeu, au point de passer mes après-midi au gym avant de passer entre les cordes disputer un combat officiel. Les notes consignées au jour le jour dans mon carnet de terrain (initialement pour m’aider à surmonter un profond sentiment de maladresse et de gêne physique, sans nul doute redoublé par le fait d’être le seul Blanc de la salle), ainsi que les observations, photos et enregistrements réalisés lors des tournois et “réunions” où se produisaient des membres de mon club ont fourni la matière des textes qu’on va lire. »
Mariant l’analyse sociologique et l’évocation littéraire, la rigueur de l’observation ethnographique et la ferveur de l’engagement charnel, ce livre invite à pénétrer dans l’univers quotidien des boxeurs de Chicago, contribuant à la sociologie du corps et à l’ethnologie de ce « négatif » vivant de l’Amérique qu’est le ghetto noir.