D’abord une rumeur.
Puis des cris. Des cris d’homme. Si mes phrases hésitent, mon corps, lui, avait su tout de suite. Du bord de la falaise on la voyait, tapie au creux du vallon, un bon kilomètre devant nous. Sans obstacle, portées par le vent, les voix de la prison volaient jusqu’à nous. La rumeur amplifiait l’architecture de torture. Pétrifié, je suivais les murs, les chemins de ronde, les miradors, les cours de promenade, les myriades de grilles aux fenêtres...
Je connaissais si bien le tableau. La puanteur des soirs de peur. Quand on existe malgré tout. Quand la mort rode, de cellule en cellule, invisible sur les coursives, invisible aux yeux des détenus. Comme les autres, je tremble, humilié comme les autres par la défaite féroce des misérables. Mais quelque chose avait changé. Cette fois je témoignais de la rencontre des deux mondes... Longtemps témoin des ravages de la maladie en milieu carcéral, l’auteur témoigne ici d’une expérience plus directe encore :la sienne.
Et de retour en prison il évoque les mois de semi-liberté dont il a bénéficié en portant notamment son regard sur le monde de l’Extérieur et le type de liberté qui y a cours.