Pourquoi les 72 jours de la Commune ont-ils eu un tel impact dans l’histoire mondiale des XIXe et XXe siècles et quelle est l’actualité de cet événement ?
Depuis les analyses célèbres de Karl Marx, l’histoire de la Commune de Paris a été placée au centre de notre compréhension de l’événement révolutionnaire. Entre la Révolution française de 1789-1794 et la révolution russe de 1917, l’insurrection parisienne occupe une place à part dans notre conception de la révolution et de la modernité. Voici pourquoi l’espérance de « faire commune » fait aujourd’hui retour dans notre imaginaire politique.
Cet ouvrage se propose de mener l’archéologie de cette puissance d’actualisation, mais en revenant d’abord sur la force de l’événement lui-même. Il a pour cela recours à la puissance du récit, à partir d’une enquête archivistique minutieuse qui permet de reconstituer les stratégies des acteurs, par le bas, mais aussi les vecteurs qui font de la Commune parisienne le premier événement médiatique global. De la rue Julien-Lacroix aux concessions de Shanghai en passant par l’insurrection kabyle, la Croix-Rousse à Lyon ou la république des cultivateurs aux Caraïbes, le livre dépasse le cadre parisien pour proposer de ces « récits d’espace » à différentes échelles.
De là un essai vif et original sur l’histoire transnationale des échos entre l’espérance révolutionnaire française et les trajectoires insurrectionnelles mondiales où il est autant question de temps que d’espace. Car l’auteur est d’abord attentif à rendre compte des rythmes, des intensités et des rémanences. De ce point de vue, ce livre est aussi une réflexion sur l’histoire des possibles, qui, s’interrogeant sur la disponibilité sociale du souvenir communal,
mène du 18 mars 1871 aux révoltes urbaines médiévales. Il s’agit ce
faisant d’apporter une contribution à l’histoire globale des révolutions
et à la manière de l’écrire.