Voici un texte étrange dans le flot d’une œuvre monstre : le livre 32 des Mémoires d’outre-tombe, consacré par Chateaubriand aux trois journées révolutionnaires de juillet 1830 et à leurs effets politiques immédiats. L’écrivain n’a vécu l’événement que de loin et dans l’impuissance. Il s’emploie ensuite à le ressaisir par les mots et là, il le représente comme personne. L’été 1830, point de bascule dans son existence et dans l’histoire de France, est la source vive de ces pages intenses ou évanescentes, légères ou profondes, qui invitent à la réflexion et à la rêverie. Porte d’entrée pour un monument littéraire réputé écrasant, le livre 32 apporte un éclairage unique sur le cours d’une révolution. On y circule entre barricades sanglantes et conversations de salons. On suit les faits et gestes d’une famille politique à l’agonie, d’insurgés privés de leur victoire, d’un duc bien entouré qui tire les marrons du feu.