Parus entre 1908 et 1914 dans les célèbres Cahiers de la Quinzaine de Charles Péguy, Mes cahiers rouges - ici reproduits, pour la première fois, dans leur intégralité - constituent un classique de la littérature communarde.
Durant l’Année terrible (1871), leur auteur, Maxime Vuillaume, fut constamment aux premières loges, tantôt comme spectateur, le plus souvent comme protagoniste. Engagé volontaire dans la Garde nationale, il participe aux journées insurrectionnelles des 31 octobre 1870 et 22 janvier 1871. À compter du mois de mars, c’est par la plume qu’il poursuit son combat, en fondant l’un des journaux les plus lus - et certainement le plus populaire - de la révolution communaliste : Le Père Duchêne.
Au cours de la Semaine sanglante, enfin, il n’hésite pas à prendre les armes pour résister à l’assaillant versaillais. Rédigé dans un style franc et direct, Mes cahiers rouges ressuscitent tout un pan de l’histoire de France, trop souvent négligé : l’opposition tumultueuse au Second Empire décadent, le siège de Paris, cette fraternelle utopie que fut la Commune de 1871, avec ses joies, son allégresse, ses désillusions et ses déboires.
Des pages plus sombres également : la brutalité et la férocité de la répression, la proscription et son lot de souffrances, le retour des exilés et la nostalgie d’un espoir assassiné. Aux antipodes de la solennité, de l’emphase et du ton compassé qui caractérisent les traditionnels Mémoires, l’écriture incisive et alerte de Vuillaume conduit le lecteur à travers la ville révoltée, le fait sursauter quand claque un coup de feu, l’emplit d’effroi lorsqu’un communard est exécuté.
Un livre vivant. Bien vivant. À (re)découvrir avec délectation.