En Union Soviétique, le mode de vie et l’organisation du travail dans les kolkhozes, les villes fermées, les unions des créateurs, les usines du complexe militaro-industriel étaient régis par une multitude de régimes particuliers.
Dans ce livre, des historiens russes et français se penchent sur cette réalité largement ignorée et démontrent ainsi combien le régime soviétique était pluriel. Qualifié de totalitaire sous Staline puis d’autoritaire après sa mort, ce régime perd son caractère englobant quand on étudie de près les mondes clos des différentes catégories de sa population. Au-delà des divisions administratives, nationales, sociales ou professionnelles relativement connues jusqu’ici, les auteurs appréhendent la population à travers les manières dont elle réagit aux règles particulières imposées par les différents régimes en vigueur à l’époque.
Ils montrent comment les Soviétiques n’existent pas en tant qu’entité pleine et entière niais sont composés de groupes d’individus distincts, identifiables presque individuellement. Contrairement à une opinion répandue à propos d’un consensus imposé par le pouvoir, ce livre montre un écart entre les stratégies individuelles et la norme collective qui s’est brusquement accrue dans les années 1970 : ce déséquilibre a été provoqué en réaction à une pratique d’organisation sociale, mêlant des dogmes idéologiques acquis après 1917 à des usages séculaires de gouvernance.
L objectif de l’ouvrage est de faire découvrir aux lecteurs la diversité des expériences vécues par les Soviétiques, selon la catégorie à laquelle ils appartenaient. En Union Soviétique, la ligne du Parti était certes prégnante mais son suivi était beaucoup plus lâche que ne le représente aujourd’hui encore une mémoire figée depuis la guerre froide.