C’est peu dire d’Hergé qu’il est une figure ambiguë de la culture belge... et mondiale. Adulé, on voit en lui un génie, un philosophe, un grand écrivain, un remarquable journaliste. Aucun titre dithyrambique n’est épargné au créateur de Tintin. Ce qui ne déplaît pas à ceux qui sont derrière le tiroir-caisse. Auteur d’une oeuvre qui se veut positive et exemplaire, père spirituel d’un héros doté de toutes les vertus, Hergé a cependant trempé dans la collaboration avec les nazis, a eu des ’penchants’ antisémites, fut l’auteur de livres destinés à la jeunesse faisant l’apologie du colonialisme. Il s’inspira d’un pamphlet fasciste pour dessiner son ’Tintin au pays des Soviets’. C’est cette face cachée que Maxime Benoît-Jeannin dévoile mais il va plus loin. Il montre que ces choix politiques n’étaient pas des accidents de parcours. Il se penche sur l’idéologie du personnage et montre, à travers ses albums en particulier, qu’Hergé n’a jamais renoncé à ses convictions, même après guerre.