Si lutter contre les stéréotypes est affaire difficile mais courante, faire la chasse aux contre-stéréotypes bien-pensants est beaucoup plus délicat. La revendication de complémentarité, l’intuition comme apanage des femmes et la gouvernance celui des hommes, l’explication hormonale et toute inscription binaire féminin/masculin stigmatisent insidieusement les rapports humains au prétexte de les harmoniser.
Pour Brigitte Grésy, on ne peut enfermer les hommes et les femmes dans le féminin et le masculin. Ce sont des constructions et des apprentissages culturels qui évoluent dans l’espace et dans le temps au gré des modes, des fantasmes et des peurs. En s’appuyant sur des anecdotes bien réelles, elle explore toutes les images dans lesquelles on nous enferme depuis l’enfance (le rose et le bleu, les maths et la parole, l’abstraction et les sentiments, le dehors et le dedans) comme si elles étaient constitutives de notre sexe.
Ce que l’on doit traquer n’est pas la différence biologique mais ce qui a été construit à partir d’elle. Et l’auteur propose, comme dans son Petit traité contre le sexisme ordinaire, plusieurs types d’actions de résistance pour lutter contre la discrimination et le sexisme tout en préservant les jeux de séduction.