« Amené à me promener - ni solitaire ni contemplatif - parmi les zapatistes du Chiapas, j’ai eu la faveur de saisir au hasard de mes déambulations quelques paroles et quelques bribes de vie qui m’ont paru de nature à susciter l’intérêt. J’ai été très touché par ces “sans-figure” qui, en résistant à toutes les formes de pouvoir, en s’organisant par eux-mêmes et en pratiquant l’autonomie, sont en train de rendre à l’humanité son vrai visage.
J’ai perçu dans ces communautés paysannes indigènes, qui comptent parmi les plus pauvres du Mexique, un mouvement d’affranchissement, à la fois intense et lent, où s’esquisse une réalité que je n’ai observée nulle part ailleurs : une démocratie directe fondée sur ce progrès humain qui, dans le monde entier, est contrefait, dénaturé, paralysé, battu en brèche parce qu’il se trouve supplanté, submergé, étouffé par le progrès de la marchandise et de sa mise en scène humanitaire. »