La vie de Jacques Kott est exemplaire de l’engagement de nombreux Juifs immigrés, pour beaucoup venus de Pologne en France dans l’entre-deux-guerres. L’auteur fut l’un des fondateurs de l’UJJ (Union de la jeunesse juive), la section « jeunes » de la MOI (« Main d’œuvre immigrée » créée par le PCF) formée à Lyon à l’automne 1941 après la rupture du pacte pacte germano- soviétique.
L’UJJ avait pour objectif d’organiser la lutte contre l’occupant en zone Sud : propagande, solidarité et sauvetage, sabotage et action armée. La direction de l’UJJ basée à Lyon étendait son activité jusqu’à Saint-Étienne. La plupart des jeunes rejoignirent en 1943, en région lyonnaise, le groupe « Carmagnole » construit sur le modèle du « groupe Manouchian » à Paris. Très rapidement investi de grandes responsabilités, Jacques Kott développa une intense activité et assuma notamment la direction de l’organe de presse clandestin de l’UJJ en langue française : Jeune Combat.
Ses souvenirs restituent à soixante-dix années de distance le sens et la portée de son combat. Ils remontent tout autant le fil d’une histoire à la fois singulière et plurielle : celle des Juifs communistes, de la lutte antifasciste à la broyeuse stalinienne, qui conduisit Jacques Kott à rompre avec le PCF.
Le récit de son enfance à Kalisz, en Pologne, et de son éveil à la politique et au militantisme au sein du mouvement de jeunesse sioniste socialiste Hachomer Hatzaïr sont des éclairages précieux pour prendre la mesure du destin de ce « héros ordinaire », homme de l’ombre, modeste et discret, à l’écart des cérémonies et récits de ceux demeurés dans l’orbite du Parti communiste français.