En octobre 1946, la guerre finie, Jean Rouch embarque avec deux amis, comme lui jeunes ingénieurs des Ponts et Chaussées, sur un radeau fabriqué par leurs soins à la source du Niger. Les trois hommes seront les premiers à réussir l’exploit, tenté avant eux par Mungo Park, de descendre les 4 200 kilomètres du grand fleuve de sa source jusqu’à son embouchure. La "belle promenade" de huit mois scelle le destin de Jean Rouch : le cours du fleuve lui dévoile tout un monde qu’il n’aura de cesse devenu ethnologue et cinéaste, de comprendre. Dès les années suivantes, il met sur pied deux autres missions pour pénétrer les "mystères et la poésie des hommes du Niger". Au pays des mages noirs, des Songhay, des pêcheurs sorko et des danseurs possédés par les dieux, l’aventure est avant tout humaine. Il ne sera jamais un "savant aux yeux secs". Il a trouvé sa méthode : indépendant, il mène ses études d’" homme à homme", tel un étranger venu "le plus humblement possible, c’est-à-dire le plus amicalement possible". Et ses compagnons africains seront ses meilleurs alliés dans son travail scientifique. Alors le Noir et le Blanc seront amis est le récit des trois premières missions de Jean Rouch, de 1946 à 1951, publié en 1951 dans le journal Franc-Tireur, jamais repris en volume.