Le titre choisi par Michel Ragon pour ce « roman d’action révolutionnaire », ainsi que l’indiquait le bandeau des éditions Albin Michel lors de sa parution en décembre 1968, est l’une des dernières phrases du journal de bord d’Ernesto « Che » Guevara, écrite quelques heures avant son exécution par l’armée bolivienne le 9 octobre 1967.
Ce choix reflète le contexte historique de cette épopée qui relate l’itinéraire de Carlos, militant clandestin de la lutte armée aux quatre coins de la planète. L’enjeu de cet engagement ? Mettre fin au combat inégal entre les peuples colonisés, dominés, opprimés, et les États impérialistes.
Michel Ragon nous plonge dans une période essentielle de la seconde moitié du XXe siècle, il nous emporte d’un continent à l’autre, là où jaillissent les flammes de l’incendie, là où sévissent les émeutes, la torture, la guerre. En filigrane les visages de Castro, Lumumba, Malcom X, Ben Barka, et de bien d’autres, nous accompagnent. Ombres plus ou moins tutélaires qui demeurent au centre des pensées du groupe de militants investis dans cette guerre : Carlos, donc, Français passé par les maquis de la Résistance, l’Indochine, la désertion en Algérie, Henri, jeune Français lui aussi, devenu Enrico, issu des beaux quartiers, Mimo, l’Italien, Rolf, l’Autrichien.
Avec un leitmotiv qui s’insinue en permanence : « il est inutile de chasser le puma, si tu laisses installer la panthère à sa place ». Un roman qui annonce une autre épopée, que Michel Ragon signera quelques années plus tard : La Mémoire des vaincus