Les femmes représentent de nos jours, à l’échelle de la planète, la majorité des classes sociales les plus démunies. Elles demeurent sous la menace de violences liées à la domination masculine. Les droits qu’elles ont arrachés, comme l’accès à l’IVG, sont fragiles. Et voilà que la "théorie queer" veut les réduire à une apparence de la féminité, la pratique de la GPA à un ventre à louer...
Dans les années 1970 en France, le MLF a attaqué avec force le rôle social imposé aux femmes par le patriarcat et le capitalisme sur la base de leur sexe biologique. Mais ce rôle, rebaptisé "genre", est devenu depuis une "identité" reposant sur le seule "ressenti" des personnes : il suffirait de se déclarer femme pour en être une.
Un peu partout dans le monde, des féministes s’insurgent contre pareille définition d’une femme parce qu’elle fait perdre de vue l’origine de son oppression - ses organes sexuels, avec leurs capacités procréatives - et le vécu des femmes en général, à savoir une double journée de travail pour assurer la reproduction sociale et une large part de la production économique. Elle progresse néanmoins partout, soutenue par des courants féministes "intersectionnels", et propagée à la fois par des élites politiques et intellectuelles et par divers milieux militants. Quiconque se risque à la contester peut être insulté ou menacé par des "transactivistes", ou poursuivi pour "transphobie" devant les tribunaux.
Il est pourtant urgent de dépasser les thèses sur le genre issues du post-modernisme - ce courant de pensée qui a contribué à forger avec le "néo-libéralisme", dans les années 1980, une idéologie valorisant les "classes moyennes" et leur style de vie afin de conforter l’ordre établi.
Ce livre a donc pour objet - par la critique de la "théorie queer" et des analyses intersectionnelles qu’il propose - de resituer la lutte féministe dans une perspective clairement antipatriarcale et anticapitaliste.