Chicago, 27 juillet 1919 : au large d’une plage réservée aux Blancs, un jeune Noir se noie, terrorisé par des adolescents blancs qui lui jettent des pierres. La police refuse d’intervenir, ouvrant la voie à plusieurs jours d’émeutes dans la ville. Bilan : 23 morts parmi les Noirs, 15 parmi les Blancs et des quartiers entiers dévastés. Rapidement, durant ce "Red Summer", des dizaines de villes américaines connaissent à leur tour de semblables émeutes raciales.
Celles de Chicago, Carl Sandburg les saisit sur le vif. Il prend le parti original, non de les décrire, mais de les expliquer. Il montre l’oppression organisée des Noirs, l’immigration imposée, la ségrégation ordinaire, les logements de seconde zone et l’habitude des lynchages. A l’heure où les émeutes raciales tenaillent toujours les Etats-Unis, ce petit livre, publié en 1919 et traduit pour la première fois en français, éclaire l’une des périodes les plus troublées de l’Amérique - celle qui, malmenée par la question raciale, accompagne la recrudescence du Ku Klux Klan.
Il éclaire aussi une pratique journalistique, celle du reportage, qui ne cède jamais au voyeurisme de la violence.