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Peng Ming-min : Le goût de la liberté

Le goût de la liberté

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Pour avoir rédigé le Manifeste pour le salut du peuple de Formose, ce professeur de Taiwan est arrêté en 1964 par la police militaire. Libéré de prison sous surveillance, il s’échappe vers la Suède. De retour à Formose en 1992, il sera le candidat de l’opposition à la première élection présidentielle au suffrage universel direct dans le monde chinois.
Interdite pendant vingt années à Taiwan, cette autobiographie y est devenue un texte fondamental de la démocratie, indispensable pour comprendre l’histoire d’une île et de ses 23 millions d’habitants. Les complexités du dialogue actuel entre la République de Chine et la République Populaire de Chine, entre Taipei et Pékin, se comprennent mieux en suivant un siècle d’histoire de Taiwan : Formose n’accède au statut de province de l’empire mandchou qu’après l’occupation du nord de l’île par l’escadre de l’amiral Courbet en 1884, puis abandonnée au Japon comme indemnité de guerre en 1895, elle sera remise à la Chine en 1945.

L’autobiographie de Peng Min-min coincide avec les grands évènements de sa génération et les explique : enfance de culture japonaise dans un milieu protestant qui maintient une ferveur nationaliste chinoise mais qui, déçu, va virer vers l’indépendantisme formosan après les massacres de 1947 ; études de littérature française et de droit au Japon où, peu avant le feu atomique de Nagasaki, Peng Min-min perd un bras sous les bombardements ; effervescence démocratique confrontée à la redoutable vigilance des multiples services de sécurité de Chiang Kai-shek. Les pacifiques efforts des taiwanais en faveur de la démocratie, désormais bien implantée, plus encore que leur précoces succès dans le domaine économique, expliquent la fascination des Chinois du continent pour Ilha Formosa, la « belle île » des cartes anciennes, de l’autre côté du détroit.

Rédigé en exil, alors que l’auteur a dû détruire toutes ses notes personnelles avant de fuir Taiwan, ce témoignage vaut avant tout par la description à la fois vivante et pudique d’une trajectoire sociale et intellectuelle représentative de l’élite insulaire de l’époque. Passionnant, il émeut, enthousiasme ou glace le sang, notamment lorsqu’il décrit la froide mécanique totalitaire.