1524, les pauvres se soulèvent dans le sud de l’Allemagne. L’insurrection s’étend, gagne rapidement la Suisse et l’Alsace. Une silhouette se détache du chaos, celle d’un théologien, un jeune homme, en lutte aux côtés des insurgés. Il s’appelle Thomas Müntzer. Sa vie terrible est romanesque. Cela veut dire qu’elle méritait d’être vécue ; elle mérite donc d’être racontée.
« Les exaspérés sont ainsi, ils jaillissent un beau jour de la tête des peuples comme les fantômes sortent des murs. » (Éric Vuillard)
« Éric Vuillard place l’expérience de l’histoire au cœur de son travail. Sa langue met à vif des souffrances du passé qui sont demeurées les nôtres. Il parle des effets sur les corps et les esprits des agressions tant du colonialisme que de la monarchie, et dans son dernier ouvrage paru, de la misère à la fin du Moyen-Âge (La Guerre des pauvres). Sous sa plume, la part de chair, de voix, d’odeurs et d’émois du passé remonte jusqu’à nous par des courts circuits de mots qui d’habitude ne se côtoient pas (…).
Vuillard, toutes tripes dehors, nous fait comprendre, avec La guerre des pauvres, la grande différence entre un Luther porté par son retour érudit aux Écritures et un Müntzer qui se veut, sans la médiation de l’exégèse, en prise avec un Dieu qui commanderait directement ses actions. La distinction entre ces deux types d’attitudes reste éclairante pour notre contemporain. Et ce n’est pas un des moindres mérites de ce livre que d’interpeler notre présent, mais sans jamais y faire référence, sur les excès dangereux qui l’habitent. » (En attendant Nadeau)
Écrivain et cinéaste né en 1968 à Lyon, Éric Vuillard est notamment l’auteur chez Actes Sud de Tristesse de la terre (2014, prix Joseph-Kessel) et de L’ordre du jour (2017), qui lui a valu le prix Goncourt.