« Il n’existe pas de conscience de classe s’il n’existe pas de haine de classe. Cette expression est tellement démodée, tellement désuète, que c’est précisément pour cela qu’elle mérite que je m’y arrête un moment.
Il est déplorable que quatre-vingt-dix-huit pour cent, si on veut faire preuve d’optimisme, des gens qui habitent cette planète n’aient pas de conscience de classe, et soient en réalité des prolétaires, ou des sous-prolétaires, ce qui est encore plus terrible et dangereux. »
À travers un langage captivant et provoquant, Sanguineti revient nous parler de « nouveau prolétariat » et de conscience de classe revendiquant l’incroyable actualité de la pensée marxiste et du matérialisme historique. À travers son parcours, fait de confrontations et de rencontres inattendues, et enrichi par les influences de Gramsci, Adorno, Benjamin, Lukács, Brecht (pour n’en citer que quelques-uns), Sanguineti nous parle d’une route sinueuse et semée d’embûches, désenchantée mais pleine d’espoir, qui nous permet de garder ce salutaire « pessimisme de la raison », tout en renforçant cet encore plus nécessaire « optimisme de la volonté ».
Au moment précis où le mécontentement social se dirige vers des conflits identitaires et pousse à ériger des barrières raciales un peu partout, l’essai de Sanguineti devient un instrument précieux pour rallumer les projecteurs sur une expression trop souvent passée sous silence, parce qu’incommodante et dangereuse : la lutte des classes.