L’Affamée est la description de l’Amour. Le livre de Violette Leduc nous introduit au sein d’une connaissance : phrase après phrase, pas après pas, comme on marche dans le sable, il avance. Il ne s’arrêtera qu’au coeur de ce monde où le rêve jaillit du vrai, s’y unit, le complète, où tout est vrai. Les transpositions que fait Violette Leduc - ces brusques incursions, dans un domaine qu’il faut appeler mystique - sont frappantes.
Ainsi se crée lentement, avec efficacité, un monde qui prend ses racines dans le réel le plus quotidien et s’épanouit en un arbre aux mille ramures. Il y a bien de la cruauté dans ce livre, et la seule cruauté qui puisse mériter le nom de vertu : celle qui retourne une âme contre elle-même et la force à se déchirer. Le style est jeu de hasard. Celui de Violette Leduc, dans ce qu’il a de pressé, de haletant, de pénétrant, est l’habitude naturelle à une âme riche, que ses richesses encombrent, et qui meurt d’une double soif : celle de la nudité et celle de la communion.