Arthur Rimbaud (1854-1891) passa les dix dernières années de sa courte vie en Arabie et en Abyssinie (autre nom de l’Empire éthiopien), sans jamais revenir en Europe. Ce n’est que contraint par la maladie qu’il se résigna à quitter la vieille cité de Harar où il s’était établi commerçant. Jusque sur son lit d’agonie, Rimbaud ne cessa jamais de vouloir retourner à Harar. Qu’avait-il donc laissé là-bas qui lui ait inspiré non seulement le goût de s’y fixer mais encore le désir têtu, que seule la mort apaisa, d’y revenir à toute force ? Et si in fine l’Éthiopie et Harar n’étaient pas un hasard, une mauvaise erreur de parcours, une fin regrettable et douteuse, comme tant de commentateurs l’ont prétendu ? Et s’il avait découvert en ces contrées alors quasi inexplorées un autre « usage du monde » qui lui ait enfin rendu sa vie acceptable ? C’est à cette quête incertaine sur les traces de Rimbaud explorateur et négociant, sur les lieux mêmes où il choisit de vivre, que nous invitent les essais de Jean-Michel Cornu de Lenclos.