Fernand Melgar porte son regard vers la fin du parcours migratoire, au centre de détention administrative de Frambois, où des hommes sont emprisonnés dans l’attente d’un renvoi du territoire helvétique. Leur demande d’asile a échoué, ils sont sommés de repartir après, pour certains, avoir passé plusieurs années en Suisse, travaillé, payé des impôts, fondé une famille. Si leur incarcération peut durer jusqu’à 18 mois, l’annonce du renvoi intervient quant à elle sans crier gare, et sa mise à exécution est imminente. Dans ce huis clos carcéral, la tension monte au fil des jours. Ceux qui refusent de partir seront menottés, ligotés et installés de force dans un avion. Dans cette situation extrême le désespoir a un nom : VOL SPECIAL. Fernand Melgar s’est immergé pendant 9 mois dans le Centre de détention administrative de Frambois à Genève, l’un des 28 centres d’expulsion pour sans papiers en Suisse (la France en compte 27, l’Union Européenne plus de 200), et entend ainsi dénoncer les conditions de détention et surtout de renvoi des demandeurs d’asile dans leur pays, et ce avec d’autant plus de force qu’il filme de façon objective, dans un centre réputé modèle , en nous mettant face à nos responsabilités individuelle et collective, en tant que spectateur mais également en tant que citoyen (rappelons que la Suisse relève d’une démocratie directe et que les lois relatives à la détention et l’expulsion de sans-papiers reflètent la volonté du peuple). A travers l’exemple suisse, c’est en fait l’existence d’un problème géopolitique et social d’envergure internationale que met en lumière le film, compte tenu du manque de volonté politique croissant des Etats au profit d’objectifs de volume désincarnés et de leur terrifiant nécessaire administratif.