Un maçon qui, durant trois décénnies, allait chaque jour travailler au chantier, et le soir, avec la même patience têtue, la même conviction d’homme libre, devenait voleur, braqueur, illégaliste, un des prodigieux faussaire de l’après guerre, fournissant en papiers ses amis anars espagnols puis tous les groupuscules libertaires. La saga de Lucio, qui lui fit rencontrer des personnages aussi divers que le Che (à qui il proposa de ruiner l’Amérique avec des faux dollars) ou Roland Dumas (qui fût son avocat), culmina en 1980, lorsque, à la tête d’un réseau d’une trentaine d’équipes de deux personnes, il inonda la planète de traveller’s chèques de la première banque américaine, la First National City Bank, la délestant d’un pactole estimé à 120 millions de francs.