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Octavio Paz : Le Labyrinthe de la solitude

Le Labyrinthe de la solitude

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Le labyrinthe de la solitude est un ouvrage capital de la littérature mexicaine contemporaine. " Le labyrinthe de la solitude, dit Octavio Paz, fut un exercice de l’imagination critique : une vision, mais aussi une révision du Mexique.
Point du tout un essai sur la philosophie de l’essence du Mexique ou une recherche de notre prétendu être. Le mexicain n’est pas une essence, mais une histoire. De ce point de vue, le caractère des Mexicains n’a pas une fonction différente de celui des autres peuples : d’une part, il est un bouclier, un mur ; d’autre part, un faisceau de signes, un hiéroglyphe. Dans le premier cas, c’est une défense contre le regard d’autrui, mais qui nous immobilise et nous emprisonne ; dans le second, c’est un masque qui, en même temps, nous exprime et nous étouffe.
Ce n’est donc pas la définition de l’essence du Mexique qui m’intéressait mais la critique : cette activité qui consiste, autant qu’à nous connaître, à nous libérer. " Le Mexique est un fragment, une partie d’une histoire beaucoup plus vaste. Les révolutions contemporaines en Amérique latine ont été et sont des réponses à l’insuffisance du développement, d’où procèdent aussi bien leur justification historique que leurs fatales et évidentes limites.
Les modèles de développement que nous offrent aussi bien l’Est que l’Ouest sont des compendiums d’horreurs : pourrons-nous à notre tour inventer des modèles plus humains et qui correspondent mieux à ce que nous sommes ? Gens de la périphérie, habitants des faubourgs de l’histoire, nous sommes, Latino-Américains, les commensaux non invités, passés par l’entrée de service de l’Occident, les intrus qui arrivent au spectacle de la modernité au moment où les lumières vont s’éteindre.
Partout en retard, nous naissons quand il est déjà dans l’Histoire ; nous n’avons pas de passé, ou si nous en avons eu un, nous avons craché sur ses restes. Nos peuples ont dormi tout un siècle et, pendant qu’ils dormaient, on les a dépouillés et ils vont maintenant en haillons. Et pourtant, depuis un siècle, sur nos terres, si hostiles à la pensée, ici et là, en ordre dispersé mais sans interruption, sont apparus des poètes, des prosateurs et des peintres qui les égaux des plus grands des autres continents.
Allons-nous enfin nous montrer capables de penser une société qui ne soit pas fondée sur la domination d’Autrui et qui ne nous mène ni aux glacials paradis policiers de l’Est ni aux explosions de nausée et de haine qui interrompent le festin de l’Occident ? "

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