« La littérature anarchiste mériterait toute une étude », écrivait Michel Ragon. Cette étude, la voici, qui, de Jules Vallès à Henry Poulaille, de Louise Michel à Agustín Gomez-Arcos, rend compte de la richesse et de la vitalité du courant libertaire dans la littérature française. Se défiant des « étiquettes », refusant toute subordination à une idéologie, les écrivains libertaires sont convaincus de la fonction sociale et politique de l’art.
La mission de l’écrivain est de troubler le lecteur, d’induire le doute à rencontre de l’ordre établi. Par le biais des genres littéraires les plus divers, le roman bien sûr, mais aussi le théâtre, la poésie, le pamphlet, ils s’attachent à « réveiller les énergies », selon le mot d’Henry Poulaille. Qu’ils soient reconnus comme Octave Mirbeau ou Albert Camus, méconnus comme Eugène Bizeau ou Maurice Joyeux, ces auteurs sont unis par leur commune répulsion de l’autorité et de l’injustice.
A travers des thèmes récurrents et cruciaux : la guerre, le travail, l’utopie, l’enfance, ils veulent s’adresser d’abord aux défavorisés. « Avec les pauvres, toujours », écrivait Séverine.