Lorsqu’en 2017 des jeunes féministes sont descendues dans la rue, vêtues de noir avec robe longue et chapeau pointu, costume “traditionnel” inventé, en proposant de “mettre Macron dans le chaudron”, mon intérêt s’est aiguisé pour comprendre sur quoi reposaient les imaginaires de celles qui se considéraient comme les descendantes des sorcières d’autrefois. L’insurrection féministe, devenue visible en 2017 avec #MeToo, a contribué par ailleurs à encourager une réflexion sur les violences faites aux femmes, y compris aux sorcières. Le livre Sorcières de Mona Chollet, paru en 2018 et sous-titré “La puissance invaincue des femmes”, a mis en lumière ce qui m’est apparu comme un contresens sur le réel historique de l’existence des sorcières qui n’étaient pas des femmes puissantes, mais des victimes de querelles de voisinage, de dénonciations et d’arrestations débouchant sur l’aveu, sous torture, du crime de sabbat. D’où mon désir d’écrire, sous forme d’une Lettre aux jeunes féministes, cet essai qui entend faire la part de l’histoire des sorciers et des sorcières et celle de la construction des mythes, jusqu’aux plus contemporains.