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Hannah Arendt : Nous autres, réfugiés

Nous autres, réfugiés

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Traduit de l’anglais par Danielle Orhan

"Nous avons perdu notre foyer, c’est-à-dire la familiarité de notre vie quotidienne. Nous avons perdu notre travail, c’est-à-dire l’assurance d’être de quelque utilité en ce monde. Nous avons perdu notre langue, c’est-à-dire le naturel de nos réactions, la simplicité de nos gestes, l’expression spontanée de nos sentiments."

Nous sommes en 1943, Hannah Arendt s’est exilée aux États-Unis et écrit ces pages dans la langue de sa patrie d’adoption. Jusqu’à l’extermination des Juifs, le terme “réfugié” désignait un individu contraint à trouver refuge en raison d’un acte ou d’une opinion­­­­ politique. Désormais, ce sont ceux qui débarquent, privés de moyens, dans un nouveau­­­­­ pays et recherchent de l’aide auprès de comités de réfugiés. Ceux-là préfèrent d’ailleurs l’appellation de “nouveaux arrivants” ou d’“immigrés”, pour marquer leur choix. Car il s’agit avant tout d’oublier le passé : sa langue maternelle, sa profession ou encore, en l’occurrence­­­­­, l’horreur des camps.
Hannah Arendt exprime la difficulté à évoquer ce passé tout récent. Pas d’histoires d’enfance ou de fantômes donc, mais le regard rivé sur l’avenir et, si possible, prédit par le ciel plutôt qu’inscrit dans la terre. L’optimisme ne fait que masquer “la tristesse désespérée des assimilationnistes”. Là même où ces immigrants ont trouvé refuge, ils se voient qualifiés de “boches”, ou du moins sont-ils perçus comme “ressortissants d’un pays ennemi”. Dans ce texte vibrant, incroyablement précurseur, la crise des identités du peuple juif, dépeinte ici avec une telle limpidité, rappelle le sort de tous les réfugiés.

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