Le monde est imparfait. Pour le délivrer des fléaux qui l’accablent, deux théories s’affrontent. La première veut une transformation par l’extérieur, c’est-à-dire une révolution qu’imposeraient tous les moyens justifiés par cette fin. C’est la position du commissaire. A l’opposé, le yogi cherche une transformation par l’intérieur sans recours à la violence. L’histoire de l’humanité n’est qu’une perpétuelle oscillation entre ces deux pôles : rationalisme et mysticisme.
Arthur Koestler analyse avec brio ces dilemmes dans le premier des articles et essais qui composent le présent volume mais, en fait, chaque texte – qu’il soit placé sous le titre général de digressions, d’exhortations ou d’explorations – est dans son essence une protestation contre le régime des commissaires et un appel à la raison, au bon sens, au besoin de liberté qu’il y a en chacun de nous. Tous sont des textes de combat écrits entre 1940 et 1944. Tous portent aussi la marque d’une intelligence incisive qui refuse les pièges de la rhétorique. En dépit du passage du temps, la plupart des conclusions d’Arthur Koestler restent valables et, même pour qui les récuse, ce volume apporte le plaisir rare d’une lecture qui stimule la réflexion et aide à comprendre la « res politica ».