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La Contre Allée

La Contre Allée


Créée en 2008, la maison d’édition La Contre Allée affiche une ligne éditoriale déterminée autour d’un axe Littérature et Société, et s’attache tout particulièrement au devenir et à la condition de l’individu au cœur de nos sociétés contemporaines.
Fondateur de la maison, Benoît Verhille travaillait avant cela dans le spectacle vivant, tout en entretenant depuis toujours un rapport intime avec le texte ; reste de son passé musical, un attachement à l’idée de favoriser chez l’auteur.e le développement de formes diverses autour d’un texte. La lecture musicale, par exemple, pour la plus courante.
La traduction représente environ 40% du catalogue : auteur.e.s d’origines espagnole, argentine, mexicaine, cubaine, portugaise, grec, japonaise, italienne, tchèque, polonaise...
Auprès de lui depuis le premier instant de la maison, se trouve Marielle Leroy, et tous les textes en langues espagnoles sont d’abord passés par elle, représentant une belle partie du catalogue aujourd’hui. Benoît Verhille tenait à voir l’œuvre de Nivaria Tejera à nouveau disponible et Marielle Leroy, elle, voulait faire traduire Alfons Cervera. Une bonne partie de son œuvre est aujourd’hui disponible à La Contre Allée et à La Fosse aux ours, traduite par le même traducteur, Georges Tyras.

Anna Rizzello est également à leurs côtés ; lui doit quelques textes fameux comme Le retour du Prince de Roberto Scarpinato ou Pas dans le cul aujourd’hui de Jana Cerna. Elle travaille beaucoup sur le festival autour de la traduction D’un Pays l’autre et codirige la nouvelle collection, Contrebande, consacrée aux traducteurs et traductrices.
Cela nous donne donc une équipe permanente de trois personnes, qu’un.e stagiaire rejoint régulièrement. Mais très marqués par les lectures d’André Schiffrin, les membres de La Contre Allée considèrent que la quête d’un statut idéal pour la maison reste un chantier ouvert. Font donc partie de l’équipe, tous ceux et toutes celles avec qui ils collaborent tout au long de l’année, plus ou moins ponctuellement, pour les maquettes, les relations libraires, la presse, les couvertures, les relectures... Cela représente pas mal de monde, au final, pour une petite maison.
Si tout le monde est un peu multitâche et autonome, comme toujours dans ce genre de structure, Benoît Verhille assure la direction éditoriale. Un comité n’existe que depuis peu et uniquement pour la nouvelle collection, Contrebande, qui réunit plusieurs personnes autour d’un même désir : Benoît Verhille, Anna Rizzello, Olivier Mannoni, Rosie Pinas-Delpuech, Corinna Gepner et Laurence Kiefé.
Si l’intérêt de diversifier les collections ne s’impose pas toujours comme une évidence, Benoît Verhille se plaît néanmoins à constater que certain.e.s auteur.e.s évoluent de l’une à l’autre selon la nature des projets qu’ils ou elles développent.
La collection Un singulier pluriel a été récemment complétement repensée et redessinée. Cette collection héberge des essais, des documents, témoignages... D’abord élaborée dans une charte très distinctes des autres, plus littéraires, aujourd’hui, elle en reprend désormais les codes et les textes évoluent aussi vers des formes de non-fiction plus narratives. C’est Renaud Buénerd, des magnifiques éditions Le Chemin de fer, qui les a aidés à en repenser la charte.
La Sentinelle accueille les grands formats en littérature, française et étrangère.
Puis viennent deux collections littéraires de petits formats, avec des textes plus ou moins courts. Les peripheries, qui accueillent des textes de formes variées, importants pour comprendre ou approcher l’œuvre d’un.e auteur.e ou un sujet important. Ainsi le dernier paru, Kiruna de Maylis de Kerangal, nous emmène avec une forme de reportage littéraire en Laponie suédoise, sur les terres de la plus grande exploitation minière encore en activité.

L’autre collection en petit format est Fictions d’Europe, développée en partenariat avec la MESHS. Elles accueillent des regards d’écrivain.e.s sur l’Europe, par le prisme d’une fiction. Le dernier paru est Sommeil d’Europe, de Yoko Tawada, traduit par Bernard Banoun. Une auteure que l’on peut lire par ailleurs chez Verdier.
Et puis il y a L’inventaire d’inventions, une collection qui doit son nom à l’ouvrage quasi éponyme, Inventaires d’inventions, de Eduardo Berti et de Monobloque, traduit par Jean-Marie Saint-Lu. Le nom est assez explicite… Le dernier titre paru dans cette collection est Voyage d’Envers de Robert Rapilly et Philippe Lemaire, un ouvrage composé d’ambimages et de textes qu’on peut lire à l’endroit comme à l’envers. Il aura fallu plusieurs années, aux auteurs et à l’éditeur, pour en arriver à bout, de celui-là !

La Contre Allée édite une dizaine de titres par an et ce chiffre devrait augmenter un peu. À l’approche des 90 titres au catalogue, il est temps de réfléchir à la fête pour le centième !
Quand on leur demande s’ils ont déjà eu des surprises, en bien ou en mal, sur l’écho de certains de leurs ouvrages, Benoît Verhille répond que « ce n’est pas une règle mais ceux qui ont parfois reçu un accueil un peu frileux lors de leur parution, s’en sortent finalement pas mal : par exemple, Pas dans le Cul aujourd’hui  » (magnifique texte de Jana Černá, la fille de Milena Jesenská, la célèbre Milena de Kafka ; livre dont le titre embarrassait fort certains libraires au départ, et qui s’est au final extrêmement bien vendu !). Ce à quoi il ajoute : « On a toujours envie de voir un texte rencontrer son public, donc on ne lâche pas facilement l’affaire et, avec le temps, en étant un peu à l’affût de l’actualité, à la recherche de résidences, de festivals, parfois, on arrive aussi à améliorer le sort de certains. »

En termes de diffusion, La Contre Allée travaille avec Belles Lettres Diffusion Distribution, et en apprécie la politique commerciale et l’équipe de représentant.e.s ; une structure et une équipe adaptées à leur travail et à leurs besoins.

Quelques parutions récentes à découvrir…

Le Nuage et la Valse de Ferdinand Peroutka, traduit du tchèque par Hélène Belletto-Sussel. Une sacrée aventure éditoriale que Linda Lê a récemment salué dans En attendant Nadeau : « Le nuage et la valse nous donne l’occasion de découvrir un écrivain tchèque aussi majeur que Karel Capek ou Vladimir Holan. Journaliste indépendant, redécouvert récemment dans son pays, Ferdinand Peroutka se fait le témoin d’un monde que l’on oublie dangereusement ».

Kiruna de Maylis de Kerangal : un reportage littéraire qui fait une belle parabole entre l’évolution d’une entreprise minière et la société, ne serait-ce que vis-à-vis de la condition des femmes.

La femme brouillon, d’Amandine Dhée, un regard féministe sur la maternité, qui trouve un écho public important aujourd’hui. L’humour d’Amandine Dhée y est certainement pour beaucoup mais, surtout, ce texte n’esquive aucune question quant au paradoxe qu’il peut y avoir parfois entre notre quotidien et nos opinions...

Mon fils en rose, de Camilla Vivian (traduit de l’italien par Hazel Goram et Nino S Dufour), est le témoignage d’une mère qui s’interroge quant à la façon d’accompagner au mieux son enfant qui développe un rapport libre quant à son genre.

Désherbage, de Sophie G. Lucas. « Le rapport Lucas » fait ici entendre bon nombre de paroles de bibliothécaires et d’usagers des bibliothèques situées en moyenne et petites villes en milieu rural. La poésie documentaire, qui singularise tant l’écriture de Sophie G. Lucas, offre une forme remarquable à ce texte. Assommons les poètes, son texte précédent, qui pose un regard sur la condition de l’écrivain aujourd’hui, la façon dont la société le considère, avait déjà marqué les esprits.

Et puis, et notamment parce que nous sommes très heureux que l’auteur revienne nous voir le 6 septembre pour son nouveau livre, le 3e publié à La Contre Allée, citons encore Thomas Giraud : son premier titre, Élisée avant les ruisseaux et les montagnes, date de 2016, il fut suivi par l’envoûtante Ballade silencieuse de Jackson C. Frank (sur la vie fascinante de cet auteur compositeur interprète folk américain oublié), et le 21 août, vient de paraître un texte qui nous enchante encore une fois, Le bruit des tuiles, sur Victor Considerant, ingénieur économiste polytechnicien français et disciple de Charles Fourier, qui voulut créer un projet révolutionnaire de vie communautaire inspiré des phalanstères, en pensant révolutionner de manière définitive la manière dont les hommes et les femmes pourraient vivre, travailler, penser et s’aimer…

Enfin, petit retour en arrière, on signale aussi un titre qu’on a beaucoup aimé, Tombeau de Pamela Sauvage de Fanny Chiarello, paru en 2016 : dans un monde futur que l’on devine plus ou moins proche, une voix de philologue commente et observe ce que révèlent d’un temps révolu, le nôtre, les portraits de 23 existences qui composent le Tombeau de Pamela Sauvage, vestige d’un outil révolutionnaire que l’on appelait alors… le livre. Un texte très drôle qui réussit même à nous réconcilier avec les notes de bas de page…
Rien qu’en quelques titres, on a l’impression que ce catalogue va bien à la librairie Quilombo, non ?

Le 20 septembre, paraîtra Ce Prince que je fus, de Jordi Soler, traduit de l’espagnol (Mexique) par Jean-Marie Saint-Lu, avec qui La Contre Allée collabore régulièrement. Avec ce texte, Jordi Soler revisite de fond en comble le roman picaresque. Puis, en octobre paraîtront les premiers titres de la nouvelle collection Contrebande, un espace éditorial dédié « au bruit de la traduction » : Entre les rives de Diane Meur et Traduire ou perdre pied de Corinna Gepner.
Enfin, en janvier 2020 nous pourrons découvrir le prochain titre d’Amandine Dhée, À mains nues, un texte où elle questionne le désir. Une lecture musicale de ce texte est déjà en coproduction avec la Compagnie La Générale d’imaginaire.

Quand on lui demande sa vision du monde de l’édition actuel, et de la librairie, Benoît Verhille nous dit qu’il serait « assez heureux de voir des maisons d’éditions comme la nôtre avoir l’opportunité d’échanger sur notre métier et l’interprofession comme on peut le voir chez les libraires avec les Rencontres nationales. Ces rencontres peuvent être critiquables mais elles ont le mérite de poser les jalons des chantiers à mener sur une période donnée et de pouvoir en faire le bilan. Et surtout, d’impliquer collectivement. Et collectivement, on est audibles. Aujourd’hui, je n’ai pas le sentiment que l’on puisse vraiment exister et évoluer sans sortir de l’isolement dans lequel on se retrouve assez vite quand on travaille dans des structures de notre taille. Quel poids, aujourd’hui, une voix comme la nôtre, ne serait-ce qu’au sein du SNE ? Et pourtant, il faudrait déjà que l’on puisse s’y faire entendre si l’on veut avoir la prétention d’évoluer et/ou de faire évoluer cette filière. Individuellement, nous cherchons toutes et tous des solutions, c’est un fait. De notre côté, on inaugure par exemple une première résidence d’éditeur-trice. On mène ça avec l’équipe de Ciclic, elle aussi curieuse d’accompagner tout ce qui peut aider à innover ou du moins, réinventer pour ne pas dire réenchanter les choses et notre quotidien. J’ai vu que du côté de la Marelle, à Marseille, Pascal Jourdana allait prochainement accompagner le même type d’initiative avec Benoît Virot, du Nouvel Attila. À l’échelle de notre région, depuis 2010, entre la librairie, l’édition et les acteurs événementiels, le dialogue a opéré au point de faire entendre et reconnaître la filière dans une région qui ne la reconnaissait pas jusque-là. Aujourd’hui, il reste une grosse marge d’évolution mais au moins sommes-nous considéré.e.s.
Si l’on regarde l’histoire de la librairie, c’est tout de même un métier qui n’a cessé de réinventer sa qualité d’accueil. Ces lieux comme toutes celles et ceux qui animent cette filière sont habités par l’esprit de création. On doit pouvoir se faire confiance pour faire avancer les choses. Donner l’opportunité aux usagers, aux habitants du quartier par exemple, de pouvoir s’impliquer davantage d’une façon ou d’une autre, cela reste encore trop peu exploré. Ou du moins, y fait-on appel quand ça va mal... Pourtant, si l’on considère que faire commerce d’œuvres de l’esprit est d’intérêt commun, il est certainement temps de réinterroger nos pratiques, comme de rappeler aussi à certain.e.s garant.e.s de la bibliodiversité, ce que cela signifie et de quelle manière les politiques culturelles et sociales nous paraissent parfois quelque peu, disons... démissionnaires. Ce n’est assurément pas notre cas. »

Photo de l’équipe © Claire Fasulo, janvier 2018

http://www.lacontreallee.com/

BP 51060
59011 Lille Cedex

L’équipe de Quilombo vous présente des maisons d’édition indépendantes. Une table présentant les principaux livres leur est dédiée à la librairie et vous pouvez bien sur nous commander tous les titres par correspondance.