Et si l’individualisme et le libéralisme, qui déterminent si fortement nos manières de considérer le monde, façonnaient aussi les mouvements politiques engagés pour la justice sociale et l’émancipation ? Après avoir soumis les "alternatives" écologistes à cette question, Aude Vidal interroge les nouveaux féminismes radicaux. Le renouveau que connaît aujourd’hui le mouvement semble également le déborder sur ses marges ? : prostitution, inclusion des femmes trans et des personnes non-binaires, difficile articulation avec les pensées queer et décoloniales sont l’occasion d’autant de frottements.
Ringard et étriqué, le féminisme hérité de la deuxième vague ?? Ou bien le foisonnement des féminismes d’aujourd’hui ne serait-il pas l’occasion de dérives libérales ? L’accent mis sur l’autodéfinition de soi et la pluralité des genres ne reviendrait-il pas à nier le genre comme résultant des rapports sociaux de sexe pour en faire une caractéristique individuelle ? Le féminisme du choix, en postulant que tous les choix effectués librement par des femmes sont des choix féministes, n’est-il pas devenu le point de rencontre entre féministes libérales et nouvelles féministes radicales ?? Comment accueillir ces questions qui renouvellent le féminisme, souvent de manière stimulante ou salutaire, sans rien céder sur la défense des femmes et de leur intégrité ?