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René Michaux : J’avais vingt ans

J’avais vingt ans

Un jeune ouvrier anarchiste au début du XXe siècle
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À paraître début avril

Postface de Jean-Louis Panné

6 illustrations

Né avec le XXe siècle, le 29 mai 1900, à Saint-Rémy-lès-Chevreuse, Adrien Provost pour l’état civil, René Michaud (nom qu’il portera comme déserteur, dans l’illégalité, et qu’il conservera comme pseudonyme dans ses activités militantes et journalistiques ) débarque enfant à Paris où sa mère, veuve, installe sa petite famille.
Rassemblés dans ce livre, ses souvenirs d’une jeunesse anarchisante forment un authentique document humain, allant des années qui précédent la guerre de - à celles qui la suivent. Il y évoque l’atmosphère du quartier de la Gare dans le XIIIe arrondissement, alors l’un des plus misérables mais aussi des plus vivants de Paris. On y retrouve la vie de chaque jour, l’école, les fabriques. Plus tard les ateliers de province, l’apprentissage sur le tas, la pratique et les traditions artisanales des métiers de la chaussure qui n’engendraient pas forcément la mélancolie. C’est aussi l’éveil à la conscience sociale, les luttes pour le gagne-pain, les manifestations pour obtenir plus de justice et préparer des lendemains plus sûrs et plus dignes avec, en contrepoint, les réunions, les rencontres – comme celle à deux reprises de Georges Navel ! – les fêtes où l’on côtoyait de valeureux compagnons et d’aimables militantes aux idées larges. Arrive alors pour René Michaud le moment des choix et des risques : ses démêlés avec l’autorité militaire, la vie errante de déserteur, les faux papiers, les gîtes d’infortune. Toute une époque revit dans ces pages, telle que l’a vécue l’auteur qui ne joue pas les héros, mais se présente et dépeint les hommes et les femmes qu’il a rencontrés sans fioriture ni pudibonderie.
Dans le prolongement de cette jeunesse engagée, René Michaud, dès la régularisation acquise de sa situation militaire, va aller de petits boulots en petits boulots – fabricant de bijouterie fantaisie, chauffeur de taxi, représentant de commerce, et devenir parallèlement une figure active du mouvement syndical. Il y demeurera fidèle à ses idéaux proches du syndicalisme révolutionnaire, de la Charte d’Amiens et de la SFIO. La postface de Jean-Louis Panné, l’un des rédacteurs du Maitron pour la période de l’entre-deux-guerres, retrace toutes les années qui suivirent celles décrites dans ce livre, lequel constitue déjà un document « d’une rigoureuse exactitude » ainsi que le décrivit Maurice Dommanget

lors de sa parution. Il est impossible d’évoquer ici les multiples passages qu’il fit ensuite d’une organisation sociale à une autre, d’une revue engagée à une autre dans une époque d’une effervescence constante où se sont affrontés courant contre courant les partisans d’un socialisme soucieux de toutes les libertés – et des libertés politiques en particulier – et le bloc communiste antidémocratique piloté depuis l’URSS de Staline.
En mars 1932, il adhère au Parti socialiste et participe à la création en  d’un Cercle d’études marxistes. En 1934, il œuvre à la création du Syndicat des voyageurs-représentants au sein de la CGT. En 1936 il aide les grévistes des magasins à prix unique et des commerces de tissus et il est aussi conseiller auprès du syndicat de la Compagnie des câbles et matériel électrique. Il publie des articles dans nombre de journaux syndicaux. Il est mobilisé en 1939, prisonnier en 1940.
À la Libération il devient inspecteur de l’Office du livre. Avec son épouse Cécile, il ouvre en1947 et pour dix années une librairie placée sous la protection de Marcel Proust : Les Plaisirs et les Jours. Dans les mêmes années il concourt à la création d’un Cercle d’études sociologiques et d’un bimensuel antistalinien : Information et Riposte. À la CGTFO, il est chargé du bureau de presse. Dans les années 1960, il s’occupe d’une des premières Organisations de défense des consommateurs (ORGECO), etc.
Un bref regard sur quelques-uns des organes de presse qui animèrent les débats donnera une idée du foisonnement des idées auxquelles René Michaud a voué un attachement constant : « René Michaud, nous dit Jean-Louis Panné, se trouve au centre d’une constellation de bulletins, revues, cercles, chacun relayant l’autre, qui dessinent un courant politique dont le centre d’action et de réflexion est constitué par un anti-stalinisme d’intensité variable : Masses, revue de René Lefeuvre ; La Réalité russe de Jean Rounault et Nicolas Lazarévitch ; à divers titres La Révolution prolétarienne de Pierre Monatte ; le Bulletin d’études et d’informations de politique internationale, futur Est & Ouest ; Preuves, revue du Congrès pour la liberté de la culture ; Contacts littéraires et sociaux de Guy Vinatrel ; La Liberté de l’esprit de Raymond Aron et André Malraux… Il s’insère, en quelque sorte dans le courant multiforme de l’anti-totalitarisme. »
René Michaud décède le 3 décembre 1979 à Maisons-Laffitte. Peu après son décès, Cécile Michaud donne dans une lettre à May Picqueray ce portrait de lui : « Il demeurait fidèle à ses élans de jeunesse mais était trop loyal pour participer à un mouvement qu’il ne vivait pas réellement. […] René était un homme droit, un pur, incapable de compromission, non plus que de contrefaire ou infléchir sa pensée, ses opinions pour complaire à l’un ou l’autre. »