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Bertrand Ogilvie : Inclassable enfance

Inclassable enfance

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C’est un secret de Polichinelle : on n’apprend rien à l’École. Rien sinon qu’au départ, soi-disant, on ne sait rien. Pour l’enfant, l’important à l’École, c’est d’apprendre à obéir. Certes on ne parle pas ici de ces moments enchantés où, grâce à la parole d’un maître, on s’est engagé sur la voie de l’émancipation intellectuelle. Ces récits, bien d’entre nous en ont plein leur besace. Mais « bien d’entre nous », c’est combien ?
Ce n’est pas de ce nous là qu’il s’agit dans ce livre mais des effets de l’École comme système d’État sur l’Enfance. Sur une majorité de la population française l’École reste un lieu d’humiliation, d’échec, d’ennui, de désespoir et d’autodestruction parfois, un lieu qui conduit l’enfant à accepter son sort à la suite d’un hypocrite verdict posé sur sa valeur.
Comment cette institution, fille de la Révolution, lieu d’émancipation, parvient-elle à se renverser aussi massivement en son contraire ? Pour éclairer cette énigme, il faut analyser le cours de la vie scolarisée, l’organisation de son espace, de sa temporalité, des principes, des valeurs et des normes qui règlent son déroulement.
En fin de compte on constate que le désir d’apprendre est enfoui sous l’emprise de l’évaluation. Pourtant c’est chose aisée de s’en libérer pour retrouver la voie d’une appropriation joyeuse des pratiques et des savoirs, c’est-à-dire des gestes fondamentaux qui constituent une culture affranchie de toute allégeance à l’État. Mais c’est avant tout une volonté politique et d’abord une autre idée d’enfance.

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