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Pavel & Clara Thalmann : Combats pour la liberté

Combats pour la liberté

Moscou - Madrid - Barcelone - Paris
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Nouvelle édition revue et augmentée

Postface de Erich Rathfilder et Thomas Pampuch

Traduction de Caroline Darbon

Conception graphique ALP

« Combats pour la liberté » est un livre qu’on ne saurait sans gageure prétendre résumer. L’itinéraire révolutionnaire de Pavel Thalmann et Clara Ensner pourrait passer pour un roman-feuilleton à ceux qui ne savent pas encore - ou ne veulent pas savoir - ce que fut la longue montée contre-révolutionnaire dans l’histoire de l’entre-deux guerres et le sort généralement réservé à ceux qui luttèrent à la fois contre le nazisme et le stalinisme.
Né à Bâle en 1901, ouvrier à 17 ans dans une usine fabriquant des caisses, Pavel Thalmann est vite confronté aux grèves qui suivent en Suisse la Grande Guerre (et principalement à Bâle en août 1919). Socialiste, il rejoint, lors de la scission en 1921 du mouvement ouvrier, le jeune Parti Communiste de Suisse jusqu’en 25, il part à cette date suivre à Moscou pour 3 ans les cours de « L’Université ouvrière » : il y assistera à la mise à mort de l’opposition avec le bannissement de Trotski. De retour en Suisse, il retrouve son amie d’enfance Clara qui sera la compagne de sa vie et de ses luttes.

L’opposition à la politique stalinienne les rapproche dans un premier temps des trotskistes ; toute la section de Schaffhausen a fait sécession. Mais les manœuvres mosco vites pour affaiblir les positions révolutionnaires porteront leurs fruits : l’Allemagne est livrée aux nazis. C’est bientôt l’heure de l’Espagne : à la veille du prononciamento franquiste, Clara se rendait à Barcelone comme Clara se rendait à Barcelone comme nageuse aux « Spartakiades » qui devaient regrouper les sportifs ayant boycotté les Jeux Olympiques de Berlin. Les voici donc entre le POUM, les milices Anarchistes, un court séjour en Suisse pour y publier, « Pour la révolution ouvrière en Espagne », brochure qui (dès décembre 1935) attaque violemment la contre-révolution stalinienne ; enfin voici l’insurrection de mai 1937 à Barcelone qui sonne le glas des espoirs révolutionnaires pour le peuple espagnol, et, pour eux l’heure d’aller rejoindre au fond des geôles du Guépéou, sous l’accusation d’« hitléro-trotskystes » ceux qui se battaient pour la liberté.

Libérés grâce à une intervention internationale après 3 mois de prison, ils rejoignent Paris où la guerre se rapproche, puis éclate : la débâcle, l’occupation, les persécutions de leurs amis juifs et émigrés, et leur activité (en dehors de tout parti) pour combattre la guerre, le fascisme et le bolchévisme, sont toile de fond de la fresque qui se déroule sous nos yeux dans la troisième partie de cette double biographie qu’un style alerte et incisif nous rend plus proche. Un tel témoignage sur Moscou, Madrid et Paris mériterait déjà à lui seul l’attention et la lecture. Mais cet itinéraire est aussi le cheminement de deux esprits qui s’affranchissent progressivement des tyrannies idéologiques. Une riche mémoire des faits et des hommes leur a permis de restituer leurs réflexions toujours en mouvement, gagnées à travers d’incessantes discussions, sur la transformation du monde et ses données internationales.

La force et les faiblesses de tel ou tel mouvement qu’ils ont traversé, les petits travers et les qualités réelles des nombreux acteurs de la scène révolutionnaire - et d’Otto Rühle à André Nin, d’Abramovich à Ciliga, leur chemin fut jalonné de figures apparues en plein jour ou au contraire restées dans l’ombre - sont fidèlement retracés et revivent entre leurs lignes : c’est que leur sens de l’humanité, jamais pris en défaut, garantit l’authenticité des principaux épisodes révolutionnaires du dernier demi-siècle européen. Mais ce dont nous sommes le plus redevables à Pavel et Clara Thalmann est l’absence de tout dogmatisme dans le jugement des évènements dont ils furent témoins : les petits détails leur donnent alors leur véritable dimension, les querelles personnelles sont évoquées avec la plus grande simplicité, et l’héroïsme se trouve ici heureusement tempéré par l’évocation des affres de la faim. Nous y gagnons en véracité, et le sentiment que la solidarité des exploités sait s’affirmer face aux mensonges de la classe dominante et de ses séides : la magnifique relation de l’aventure espagnole, dont certaines pages rappellent Homage to Catalonia d’Orwell, est là pour le prouver.