Le monde nucléaire a eu sa période héroïque, celle de la construction des centrales.
Aujourd’hui, nous sommes entrés dans la période sombre, celle de la déconstruction des centrales devenues usées, vieillies, voire dangereuses (cinquante-huit " tranches " nucléaires fonctionnent, neuf sont arrêtées). Parmi les centrales aujourd’hui en déconstruction, Superphénix est une figure de proue. Haut lieu historique, la centrale de Creys-Malville fut, dans les années 1970, le lieu d’une guerre entre partisans et adversaires du nucléaire qui se solda par un mort.
Finalement, le plus grand surgénérateur du monde ne fonctionna que quelques années jusqu’à son arrêt par une décision politique en 1998, qui plongea les salariés dans la consternation. Le formidable chantier de déconstruction est prévu pour durer encore plusieurs dizaines d’années. L’auteure nous livre une enquête menée sur ce site étonnant auquel elle a eu exceptionnellement accès. II ne s’agit pas seulement de décrire les techniques de démantèlement, qui produisent de grandes quantités de déchets.
II s’agit aussi de déconstruire un mythe : une centrale qui ressemble à une basilique, conçue comme un hymne à la technologie sur un registre quasi religieux ; une centrale capable de renouveler elle-même son aliment de combustion. Le " moteur éternel ", un rêve d’ingénieurs, mais à quel prix ?