Prises de vue est constitué de vingt reportages littéraires extraits du Reporter enragé (1924), un recueil qui valut à son auteur la reconnaissance du public et de la critique.
Après nous avoir narré l’hilarante histoire de ses tatouages, Kisch soliloque au fond de la mer en scaphandre, dissèque des puces - celles de Clignancourt - et rencontre le bourreau de la ville de Vienne. On le trouvera encore parmi des migrants slovaques en France, avec les pêcheurs de harengs de la Baltique, dans les bas-fonds de Londres, à la Bourse de fret de la City, à Essen - royaume des Krupp -, ou avec les chauffeurs d’un géant des mers.
Si dans ses bagages Kisch n’oublie jamais une bonne dose d’humour et d’insolite, voire d’autodérision, il reste à l’affût des injustices sociales. Pourtant, au-delà du témoignage du journaliste, ses écrits, où l’on croise Schiller, Goethe, Heine et Emma Bovary, demeurent éminemment littéraires et poétiques. Parmi l’héritage de la bouillonnante Mitteleuropa, les articles de Kisch trouvent leur place au côté de ceux de Karl Kraus et de Joseph Roth.