Maurice Rajsfus a eu accès à de nombreuses pièces d’archives inédites et à des documents récemment mis au jour. Il a pu ainsi reconstituer une des pages les plus sombres de l’Occupation. Le port obligatoire de l’étoile jaune, imposé aux Juifs de la zone occupée, en application de la 8e ordonnance du 29 mai 1942, n’est que l’une des mesures répressives décidées par la Gestapo mais appliquée par les policiers français.
Les étoiles jaunes seront délivrées dans les commissariats de police et non dans les officines de la Gestapo. À partir du 7 juin 1942, premier jour du port de l’étoile jaune, dès l’âge de six ans, la vigilance policière sera sans faille, et de nombreuses personnes seront arrêtées, internées puis déportées sous les prétextes les plus divers : sur les mains courantes des commissariats sont évoquées les étoiles mal cousues, peu visibles ou mal détourées.
Il est également question du comportement "arrogant" des victimes. En cette circonstance, comme pour les déclarations des Juifs dans les commissariats, en octobre 1940, ou la réquisition des postes de TSF ou des récepteurs de téléphone l’année suivante, la police française fera respecter l’ordre nazi avec un zèle qui lui vaudra les éloges de ses maîtres. Cinq semaines plus tard, ce sera la rafle du 16 juillet 1942.
Maurice Rajsfus relate ensuite dans Jeudi noir comment sa famille fut arrêtée à Vincennes. Lui et sa soeur aînée furent libérés, mais ses parents, déportés à Auschwitz, ne reviendront pas. Un récit sans complaisance.