En 1965, peu après l’assassinat de Malcolm X, Columbia Pictures achète les droits cinématographiques de son Autobiographie et approche James Baldwin pour lui demander d’en tirer un scénario qui sera refusé. A contrario de la "success story" militante attendue, le récit insiste sur les contradictions, les tensions de la vie, de la pensée et de l’action de Malcolm X et nous permet de comprendre tout à la fois Malcolm X et James Baldwin dans leur complexité, et dans les contradictions de leur époque.
Ainsi, la haine des "diables blancs" de Malcolm X n’est pas circonscrite à l’époque particulière de sa vie où il aurait été "fanatique" avant de se convertir à la "tolérance". Chez Baldwin, Malcolm X est tout à la fois, et jusqu’à la fin de sa vie, "Red", "Malcolm Little", "Omowale" et "El Hajj Malik El Shahbaz ". Ces différents noms sont autant de dimensions entrecroisées de la lutte des Noirs américains.
Le jour on j’étais perdu, ce "film fantôme", nous donne à lire un Malcolm X multiple, à travers des allers-retours incessants entre la prison, les violences racistes, l’islam, la politique, les amours, la haine des Blancs, entre l’enfance de Malcolm Little et l’activité du prédicateur musulman impliqué dans le mouvement pour la libération noire. C’est un Malcolm de chair que dépeint Baldwin.