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Georges Darien : La belle France

La belle France

La belle France est sans doute le livre emblématique de Georges Darien (1862-1921), sommet d’une œuvre dont André Breton disait qu’elle est « le plus rigoureux assaut que je sache contre l’hypocrisie, l’imposture, la sottise, la lâcheté ».

Refusé par la plupart des éditeurs, ce furieux pamphlet paraît finalement chez Stock en 1901. Il n’a aucun succès, et pour cause : l’auteur y attaque les nationalistes, les socialistes, les catholiques, les militaires, les riches, les pauvres… Sans surprise, la presse fait silence. Même dans les années 1960, quand Jean-Jacques Pauvert réédite La belle France, ce n’est qu’après avoir caviardé les passages les plus désobligeants pour le marxisme. Tant et si bien qu’il est devenu habituel de ne lire ce pamphlet que dans des versions tronquées. Les éditions Prairial en proposent aujourd’hui le texte intégral, accompagné d’un index éclairant les principales allusions de l’auteur à l’actualité de 1900.

D’autres livres de Darien ont eu un meilleur sort : Biribi, terrible récit de son expérience du bagne militaire, a un succès de scandale à sa sortie en 1890, et son roman Le voleur (1897) est salué par Alfred Jarry, qui le place parmi les « livres pairs » du docteur Faustroll (pour « les couronnes de diamant des perforatrices du Saint-Gothard »).

S’en suit une longue éclipse : Darien meurt peu après la Grande Guerre dans l’anonymat le plus complet. C’est après une autre guerre, en 1955, que Pauvert réédite Le voleur, bientôt adapté par Louis Malle au cinéma, avec Jean-Pierre Belmondo dans le rôle-titre (1967). Dans sa préface à la réédition Pauvert, André Breton a alors pour Darien ces mots fraternels :

« L’agressivité à l’égard de tous les groupements humains constitués (tant pour le maintien de la bourgeoisie que contre elle) que la société, de son vivant, ne pouvait manquer de lui faire payer cher, répond ici aux blessures de ce cœur trop grand et trop bien battant pour ne pas heurter en tous sens les parois de la cage. »