Je travaille de nuit comme correcteur de presse dans un grand journal régional.
Ils m’ont mis à la Correction mais mon vrai métier, c’est ouvrier typographe. Dans quelques mois je pars en retraite, c’est pas trop tôt ; ça fait quinze ans que je corrige les faire-part que saisissent les clavistes d’à côté, de vraies gourdes qui font plein de fautes exprès pour m’énerver. Dans le cassetin ils ont tous un grain : Jean-Pierre le vieil anar, Pascal le puriste diplômé, Josiane la bourrique pistonnée, Chantal et ses gros nichons, tous sauf Madeleine, la déléguée du personnel.
La chef s’appelle Germaine. Elle me fait peur avec sa moustache et ses dents qui dépassent. C’est elle qui nous passe des savons quand on laisse trop de coquilles. Mais moi quand on m’en fait trop, j’correctionne plus, j’dynamite... j’disperse... j’ventile... À travers les tribulations de Victor, vieux garçon un peu décalé, ce roman plein d’humour rend hommage aux ouvriers du livre.